Pourquoi je peins ? Il n’y a pas de déclic identifiable, je ne pense pas que cela ait été écrit ou qu’une fée se soit un jour penchée sur mon berceau.
Tout comme certains ont une plume fertile, un discours éloquent, mon moyen d’expression correspond à ma personnalité. J’ai eu besoin un jour de me faire entendre, de parler de ce qui m’entoure. Il semble que la parole ou que l’écriture soient des moyens d’expression que j’ai occultés.
Je pense avoir découvert le monde en le dévorant des yeux, les mains en avant pour mieux le sentir.
Parfois seulement un mot offre au geste un mouvement que j’aime à fixer, j’élargis cet espace, je fouille sur la toile ce monde qui s’ouvre sous les touches du pinceau et j’arrête la plus « juste », j’affirme les tons, je resserre et précise l’idée en contrastes flous ou nets comme je ferais le point avec mon objectif photo. Il faut guetter le moment où on doit arrêter la composition.
Je ne travaille jamais sur une surface blanche, je dois avant tout la « salir », j’avance avec plaisir au hasard, souvent sans intention. Il m’apparait parfois sur ces fonds des « mondes » intéressants à partir desquels je peins l’espace qui devient évident. J' ai toujours plusieurs toiles en « chantier ».
Il y a des jours sereins et fluides, d’autres où rien ne va, alors je chiffonne, je retourne la toile des mauvais jours. J'utilise l'opportunité d'espaces que je conserve dans une autre composition.
Il faut se débarrasser des petits fardeaux de l’humain et du quotidien, abandonner l’espace, libérer le temps et laisser aller sans contraindre l'intention, sans forcer les effets, ce sont alors des moments de grande félicité.
Il n’y a pas d’évidence, il y a cette volupté à " laisser hasarder" la main, ne pas réfléchir, peindre sans intention et apprécier de se surprendre, J'aime travailler vite, en musique, laisser le pinceau choisir les tons qui s'imposent et accepter l'inconnu qui surgit.
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